Les ombres filantes by Unknown

Les ombres filantes by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: La peuplade
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


SIX JUILLET

Nous sommes lundi. Herman n’est pas encore revenu. J’espère qu’il n’a pas eu d’ennui avec le moteur.

Cette semaine, c’est Boccus qui est en charge de faire la classe aux jeunes. À l’aide d’une encyclopédie illustrée qui date de plusieurs années, il leur enseigne à différencier les animaux à sang chaud et à sang froid. Jusque-là, il semble être en mesure de garder l’attention d’Olio. Je suis heureux de voir cet enfant entouré de la sorte. Il en a besoin.

Pour ma part, j’ai été assigné au bois de chauffage. L’avant-midi avance, la chaleur est au rendez-vous et les bûches sont lourdes et denses. La hache reste souvent prise dans leur chair ligneuse. Je dois m’acharner pour arriver à la fendre. Je souffle en regardant tout ce qu’il reste à faire. Le soleil commence déjà à m’abrutir. Et je suis pris de vertige en constatant qu’un été, quoi qu’on en dise, est surtout un intermède entre deux hivers.

Les chasseurs sont de retour sur l’heure du midi.

Darès avait raison, lance Diane, il fait trop chaud. Si jamais on chope une bête, les mouches vont s’y mettre tout de suite.

En effet, le début de l’après-midi est cuisant. La forêt tremble dans l’air immobile et on laisse peu à peu l’inertie s’emparer de nos corps avachis.

Et si on allait aux framboises ? propose ma tante Hesta dans l’espoir de nous tirer de notre torpeur. On pourrait faire des tartes.

Les jumeaux s’enthousiasment alors que Diane et Darès hésitent. Hesta parvient à les convaincre et on s’aventure avec nos contenants sur le petit sentier qui descend à la rivière. Les jumeaux avancent en zigzaguant dans la forêt. Olio espère les surprendre et les suit en se dissimulant. Un léger voile de pollen flotte dans l’air. Sous la canopée, le ciel n’est visible que dans les trous créés par les arbres tombés. À ces endroits, les rayons réveillent les pousses en dormance, attisant leur soif de lumière et leur esprit de compétition.

Devant, Darès explique à Janot comment repérer la présence des orignaux dominants en lui faisant remarquer les différents frottages sur l’écorce des arbres. Janot s’efforce de rester attentif, mais les théories de mon oncle sur les habitudes du gibier le laissent indifférent.

Ma cousine marche à mes côtés. Dans le soleil, de minuscules poils blonds brillent sur les abords de son visage. Les petites cicatrices creusées par ses boucles d’oreilles rappellent que le monde d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui dans lequel nous avons grandi.

Tu te souviens quand on courait dans les champs de maïs ? me questionne-t-elle un sourire en coin.

J’opine sans la lâcher des yeux. On était à peine plus vieux que les jumeaux. On pouvait s’enfoncer pendant des heures dans ces longs couloirs verts. On se fichait éperdument de nos parents qui nous cherchaient et du rebord des feuilles qui nous entaillaient les bras et les jambes.

Et alors, reprend-elle sur un autre ton, comment trouves-tu ça ici ?

Ça fait du bien de revoir la famille, dis-je d’un souffle, de faire de nouveau partie du clan, de se rendre utile.



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